Motif de tissu japonais : yagasuri

Yagasuri, en japonais 矢絣 de 絣 (ya, flèche) et 絣 (kasuri, motif) est un motif traditionnel japonais représentant des flèches ou les plumes des flèches.

Tissu japonais avec motif yagasuri
Tissu japonais avec motif yagasuri
Tissu indigo avec motif yagasuri
Tissu indigo avec motif yagasuri

Au Japon c’est un motif qui porte chance et protège.

Au Nouvel An notamment, on achète au temple des flèches porte-bonheur pour protéger sa maison et ses habitants.

Lors de la cérémonie de remise des diplômes à l’université au Japon (sotsugyoushiki ou 卒業式) , il est d’usage pour les filles de porter un kimono avec un hakama porté juste sous le buste. Et le motif yagasuri est un motif traditionnel de ce type de kimono particulier.

Kimono et hakama portés lors de la remise des diplômes au Japon
Kimono et hakama portés lors de la remise des diplômes au Japon

A l’époque Edo ce motif était également porté lors des mariages car une flèche va droit au but et ne revient pas (comme la mariée qui quitte la maison de ses parents…).

Symbole japonais : les libellules

La libellule  est un symbole très utilisé au Japon. Le pays est même appelé parfois « akitsushima » (秋津島), l’île de la libellule, en référence à la forme de l’île principale composant l’archipel, Honshu, qui d’après l’empereur Jimmu, du haut d’un sommet, aurait constaté que l’île ressemblait des libellules en train de s’accoupler.

Tissu style traditionnel avec libellules colorées sur fond couleur indigo
Tissu style traditionnel avec libellules colorées sur fond couleur indigo

En effet en ancien japonais akitsu (秋津) était l’ancien nom des libellules, aujourd’hui appelées tombo (トンボ).

La libellule est un symbole de l’été. Elle était également pour les samouraïs un symbole de force et de courage, et même de victoire, car elle vole toujours en avant. La libellule était donc appelée souvent aussi kachimushi (prononcer « katchimouchi ») ou 勝ち虫, insecte de la victoire, et souvent utilisée en décoration sur les armes de samouraïs (gardes des katanas, casques, blasons des familles, etc.).

En occident la libellule a longtemps été associée à une image négative et on la retrouve plutôt tard dans l’art, notamment dans l’Art Nouveau (bijoux notamment), probablement du fait de l’influence de l’art japonais sur celui-ci.

Quelques exemples de représentations de libellules sur des tissus japonais :

Tissu japonais avec délicats motifs de libellules sur fond vieux rose
Tissu japonais avec délicats motifs de libellules sur fond vieux rose
Libellules et éventails sur un tissu japonais aux symboles de l'été.
Libellules et éventails sur un tissu japonais aux symboles de l’été.

Motif japonais : chidori ou le pluvier

Chidori (千鳥, qui s’écrit avec le caractère de mille 千 et celui d’oiseau 鳥), en français « pluvier » est un motif très couramment utilisé sur les tissus japonais et en décoration, notamment en céramique. On retrouve également l’évocation du chidori dans un certain nombre de poèmes japonais.

Mais qu’est-ce qu’un pluvier me direz-vous ? Le pluvier est tout simplement un oiseau, de la famille des limicoles (petits échassiers). Plus d’infos sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pluvier ou sur oiseaux.net

Un pluvier
Un pluvier (source : Wikipedia)

Ce motif est souvent associé avec celui de vagues. Le sens en serait une longue prospérité ou la capacité à surmonter les difficultés grâce à l’aide des chidori. La vague pouvant être  assimilée à la permanence des choses ou aux difficultés de la vie, et le chidori à la prospérité.

Motif de chidori
Motif de chidori et vagues sur un bouton

Le musée du chirimen à Kyoto (Arashiyama)

« Chirimen Kaizukan » ou Chirimen Craft Museum (qui peut se traduire pour les non anglophones par « Le musée de l’artisanat en chirimen »), comme son nom ne l’indique pas, n’est pas un musée, mais un magasin, et même une chaîne de magasins à Kyoto (6 en tout à l’heure où j’écris ces lignes).

Logo du musée
Musée du chirimen

Le magasin principal se trouve à Kyoto, près de la gare d’Arashiyama, un lieu que je vous recommande fortement pour des visites touristiques de beaux temples et jardins dans un cadre montagneux agréable. N’y allez pas pour le magasin uniquement, mais profitez d’une journée à Arashiyama pour visiter le magasin.

Arashiyama et ses paysages de verdure
Arashiyama et ses paysages de verdure
La forêt de bambous d'Arashiyama
La forêt de bambous à Arashiyama
Ancienne porte de temple
Vieille porte d’un temple

Vous y trouverez une multitude de très beaux objets en chirimen, de quoi faire de jolis cadeaux ou trouver l’inspiration pour de jolies créations pour celles et ceux qui préfèrent le fait maison. Ça n’est pas forcément donné, mais le tissu chirimen en lui-même est assez cher dû à sa technique de tissage spécifique, et les objets proposés sont vraiment très mignons, plein de couleurs et créés avec goût. Même s’il ne s’agit pas d’un vrai musée, la boutique vaut le détour, n’hésitez pas à vous y rendre.

 

Le musée du chirimen
Le musée du chirimen
Entrée du musée du chirimen
Entrée du musée
Des mobiles en chirimen
Des mobiles en chirimen
Petits objets en chirimen
Petits objets en chirimen

Plus d’informations, mais tout en japonais malheureusement, sur le site de la boutique : http://www.chirimenzaikukan.com

Atelier shibori à Arimatsu

A la suite de l’article sur le musée du shibori à Arimatsu, voici le compte-rendu de notre atelier shibori au musée. Comme nous disposions de peu de temps (environ 1 heure), nous avions opté pour le mouchoir, mais il est possible de réaliser des objets plus grands (foulards…).

Le patron est préparé sur le tissu blanc
Le patron est préparé sur le tissu blanc
Tout d'abord on coud le fil sur les lignes de points
Tout d’abord on coud le fil sur les lignes de points
Ensuite on serre puis on entoure de façon bien serrée avec le fil
Ensuite on serre puis on entoure de façon bien serrée avec le fil

Une fois tous les nœuds réalisés, vous avez fini la première partie, et pouvez repartir, après avoir tout de même précisé la couleur de teinture souhaitée et laissé vos coordonnées.

7 à 15 jours après vous recevez chez vous votre œuvre teinte (en bleu pour nous).

Mouchoir reçu par la poste
Mouchoir reçu par la poste
Le mouchoir est teinté mais comporté toujours les noeuds
Le mouchoir est teinté mais comporté toujours les noeuds
On enlève soigneusement chaque nœud et fil
On enlève soigneusement chaque nœud et fil
Les motifs restés blancs apparaissent progressivement jusqu'à ce que le dessin complet sit visible
Les motifs restés blancs apparaissent progressivement jusqu’à ce que le dessin complet soit visible
Ne reste plus qu'à laver le mouchoir à l'eau froide et à le laisser sécher.
Ne reste plus qu’à laver le mouchoir à l’eau froide et à le laisser sécher.
Et voilà le résultat, un beau mouchoir en shibori
Et voilà le résultat, un beau mouchoir en shibori

Et bien entendu, si vous avez compris la technique, il est parfaitement possible de faire la même chose chez vous avec de la teinture textile et vos propres motifs. Ce n’est pas très difficile, mais par contre assez long, surtout pour les motifs serrés et précis, ce qui explique le prix élevé (et amplement justifié) de ces tissus.

Pour notre part, lors de l’atelier, nous avons appris 3 techniques différentes de shibori (mais il en existe beaucoup d’autres) :

  • hira-nui hikishime shibori : coudre le long d’une ligne en points réguliers et bien resserrer le fil à la fin. C’est cette technique qui a créé le dessin de la tige sur le mouchoir ;
  • ne-maki shibori : entourer un petit bout de tissu avec le fil plusieurs fois au même endroit en serrant bien. C’est cette technique qui a donné les petits cercles ;
  • tsumami maki-age shibori : cette fois on entoure le motif de l’extérieur vers l’intérieur progressivement avec le fil (cf. la 2ème photo en bleu). C’est cette technique combinée avec hira-nui hikishime shibori qui a donné les pétales des fleurs.

Un grand merci à nos hôtesses du musée du shibori pour nous avoir tout expliqué très gentiment et nous avoir enseigné les rudiments du shibori.

D’autres articles à venir plus tard sur d’autres techniques de shibori…

 

Le musée du shibori à Arimatsu

Arimatsu est une ville de la préfecture d’Aichi, à environ 25 minutes de la gare de Nagoya par la ligne Meitetsu-Nagoya en train, et elle est intéressante pour deux raisons :

1/ vous pouvez y voir de vieilles maisons traditionnelles japonaises

Rue traditionnelle à Arimatsu

Rue traditionnelle à Arimatsu

Maisons traditionnelles à Arimatsu

Maisons traditionnelles à Arimatsu

2/c’est un lieu historique du shibori depuis le 17ème siècle, et on y trouve un musée du shibori.

Musée du shibori à Arimatsu

Le musée du shibori à Arimatsu

Mais le shibori, c’est quoi ? Vous vous souvenez des motifs hippies un peu psychédéliques blancs sur fond coloré ? Et bien c’est la même chose. Il s’agit en fait de colorer des tissus après avoir fait des nœuds qui créeront des motifs en restant moins colorés ou même blancs après teinture. De nos jours on emploie de plus en plus le terme shibori, mais plus traditionnellement cette technique est appelée selon sa terminologie anglaise « tye and die », ce qui veut tout simplement dire nouer et teindre en français.

Évidemment ce n’est pas si simple, il existe une multitude de techniques permettant d’obtenir des motifs variés, que les japonais ont perfectionné de manière impressionnante. Pour plus d’efficacité, chaque artisan du shibori est d’ailleurs spécialisé dans une seule technique de nouage/motif, et c’est encore un autre artisan qui va gérer la teinture, et d’autres personnes qui vont défaire les nœuds, rincer les tissus, etc.

Une démonstration de shibori

Démonstration de shibori

Réalisation de noeuds de shibori

Les nœuds de shibori sont réalisés à une vitesse impressionnante par cette spécialiste

Le musée est composé d’une boutique où vous pouvez trouver divers produits en tissu shibori (écharpe, portes-monnaie, sacs, etc.), et à l’étage d’une exposition expliquant l’histoire du shibori et montrant divers motifs ainsi que des pièces de vêtements historiques (dont des habits de samouraï en armure). On vous y montrera également une vidéo explicative, en japonais si vous maîtrisez la langue du pays du soleil levant, ou en anglais sinon, tout est prévu !

Motifs variés de shibori

Motifs variés de shibori réalisés selon différentes techniques de nouage

Vous pouvez également réaliser votre propre création en shibori lors des ateliers proposés (attention, il faut réserver à l’avance). Testé et apprécié par nous pour vous. Mais ceci fera l’objet d’un autre article…

Si vous passez par Nagoya, Arimatsu vaut vraiment le détour, d’autant plus si vous vous intéressez aux tissus japonais. Pour plus d’informations sur le musée du shibori, vous pouvez consulter la page web du musée : http://www.shibori-kaikan.com/kaikan-e.html (en anglais ou japonais).

Motif de tissus japonais : shippô (七宝)

Shippô qui peut se traduire par « les sept trésors » ou « les sept joyaux » est un motif géométrique assez courant sur les tissus japonais, la céramique ou même les décorations en bois.

Il se présente sous la forme de 4 ellipses formant un cercle (ou de cercles imbriqués formant des ellipses selon votre façon de voir les choses).

Motif simple de shippô

Motif simple de shippô
 

 Les cercles entrelacés représenteraient les sept joyaux du bouddhisme (or, argent, lazulite, nacre, corail, perles et cornaline). Mais ne cherchez pas la représentation des joyaux ou une quelconque répétition de 7 motifs sur les motifs shippô, il n’y en a pas… Alors d’où vient cette appellation? Selon les sources on lui trouve plusieurs origines possibles. L’un d’elle veut que les japonais en voyant pour la première fois ce motif importé d’Inde via la Chine auraient trouvé que le motif central ressemblait à une pierre précieuse (forme de diamant), d’où ce nom de 7 joyaux. Une autre interprétation voudrait que le nom shippô vienne de l’art du cloisonné(*) dans lequel ce motif aurait été beaucoup utilisé.

Ce motif serait utilisé sur les tissus depuis l’époque japonaise de Nara (an 710 à 794), peut-être même avant, et aurait connu une forte popularité à l’époque Edo, notamment sur les kimonos féminins.

Le plus vieil exemple de tissu japonais avec motif shippô est conservé dans la ville de Nara, dans le Shōsō-in, le trésor du temple Tôdaiji.

Comme beaucoup de motifs géométriques japonais, c’est un motif de tissu qui se porte en toute saison. On le trouve aujourd’hui également mélangé à divers autres motifs (fleurs ou autres), comme le motif asanoha. Il s’agit également plutôt d’un motif féminin.

Variation sur le motif shppôVariation sur le motif japonais shippô avec 8 ellipses au lieu de 4

(*) Le cloisonné est une technique de fabrication de bijoux, vases ou autres en émail entouré de bandes métalliques. Historiquement on utilisait aussi des pierres précieuses à la place de l’émail. En France les célèbres émaux de Longwy par exemple sont des émaux cloisonnés. En Chine c’est un art qui a été particulièrement développé à compter du 15ème siècle, d’où il s’est exporté notamment au Japon.

Motif de tissus japonais – Seigaiha 清海波

Le seikaiha ou seigaiha ou seigainami  (清海波), ou vagues de la mer bleue, est un motif utilisé depuis plus de mille ans sur les tissus au Japon.

Il est constitué de motifs de 4 portions de cercle superposées qui se chevauchent. Parfois confondu avec un motif d’éventail, il s’agit bien comme son nom japonais l’indique d’un motif de vagues : = bleu, = mer, = vague.

L’une des origines possible de ce motif viendrait d’un costume fabriqué pour une danse de gagaku* intitulée seigaiha que l’on retrouve dans « Le dit du Genji » (Genji Monogatari).

Sac avec motif de tissu japonais seigaihaSac avec motif de tissu japonais seigaiha

Autre variation sur le motif japonais seigaiha

Autre variation sur le motif seigaiha

On en trouve aujourd’hui des variations avec diverses épaisseurs de trait, couleurs. On le trouve beaucoup en rouge par exemple, voire en multicolore.

*Le gagaku est la musique de cour traditionnelle au Japon incluant un répertoire musical, chanté et dansé.

Tissus japonais et petite largeur

Un point sur un aspect particulier des tissus japonais : leur largeur.

Comme vous pouvez le voir sur la boutique, contrairement à la France où le standard veut que la largeur soit plutôt de 140 cm, au Japon c’est plutôt 110 cm pour les tissus standards (coton par exemple), même si parfois on trouve également des largeurs de 90 ou 70cm.

Pour les kimonos, la largeur standard va de 36 à 42 cm, et un kimono est normalement fabriqué à partir d’un seul morceau de tissu d’environ 12 m de long (et traditionnellement entièrement cousu à la main, même si aujourd’hui on peut les coudre en partie à la machine, mais seulement en partie…). Regardez bien la façon dont est fait un kimono, vous verrez qu’il n’est constitué que de panneaux étroits de tissu.

 

Tissus japonais – Le chirimen (ちりめん)

Chirimen ((ちりめん) est le nom d’une technique de tissage inventée au 16ème siècle au Japon. C’est aussi le nom du tissu obtenu par cette technique.

Il est très reconnaissable aux petites vagues qui apparaissent dans le tissage :

Tissus chirimen rouge

chirimen04

Ces vagues sont obtenues en utilisant 2 types de fils tordus dans des sens différents pour le tissage.

Traditionnellement le chirimen est un tissu de soie, mais aujourd’hui on en fabrique également en polyester ou en viscose (aussi appelée rayonne ou soie synthétique) qui ont l’avantage de pouvoir se laver facilement contrairement à la soie. Il est peu froissable et a un aspect brillant.

Le chirimen est normalement utilisé pour confectionner des kimonos, ou alors de petits objets (portes-monnaie, accessoires pour décorer les cheveux, etc.).

chirimen pore-clés

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